Jacques Lannegrand : « Je suis photographe amateur, la photo est ma passion première depuis toujours. J’avais postulé une première fois au concours puis j’ai retenté en 2016, poussé par ma femme, et mon modèle, Gwladys. Je la photographiais déjà, mais est venu le temps de la maladie, qui a changé les choses. Au moment de la prise de vue, Gwladys était en rémission. Du moins cela en prenait le bon chemin.
Le début était un peu compliqué. C’était difficile de se remettre devant un objectif, après l’opération qui avait eu lieu deux ans avant. Et à un moment donné, il y a eu un déclic. Je lui racontais une bêtise qui l'a faite rire, je crois. Et il y a eu ce sourire éclatant. J’ai pris quelques images rapidement et j’ai compris que j’avais l’image. Il n'y avait pas grand-chose à faire de plus. Finalement, la prise de vue a été assez rapide. En général, j’essaye de faire assez vite car ce n’est pas toujours évident de poser et d’être à l’aise. Nous avons ressenti une grande complicité qui fait qu'à un moment donné, on s’est retrouvé dans une forme de tranquillité.
La difficulté dans l'intimité, c'est aussi le regard de l'autre. Elle s'est sentie en confiance devant moi, à poser, à se découvrir, à être telle qu'elle était. Puis, après la séance, nous avons travaillé l’editing de la séance ensemble, et la photo qui est restée était évidente pour nous deux. Il y avait tout dans cette image : à la fois ce sein à demi caché, son sourire, le retour à la vie. J’ai postulé avec cette photo pour le concours environ deux ans après la prise de vue. Le fait que cette image ait gagné le concours, ça a apporté à la fois du plaisir et une certaine forme de reconnaissance. Elle affirme sa beauté.
« En voyant ce portrait comme affiche de cette édition, cela m’a remémoré cette période intense, ajoute Gwladys, c’est derrière moi, même si c’est encore très présent. On n'a pas étalé la blessure. C'était une démarche très pudique. Cette photo est joyeuse, digne. »
Propos recueillis par Léonor Matet.