Les lauréats et finalistes du concours
Estée Lauder Pink Ribbon Photo Award 2020
“RÉSILIENCE”
Les lauréats des Prix du Jury et du Prix du Public Téva ont été annoncés le 5 novembre 2020 lors d'une réunion en virtuel, due aux circonsatnces exceptionnelles de la situation sanitaire COVID19
Ils ont été choisis parmi les 40 photographies finalistes de cette neuvième édition du concours Estée Lauder Pink Ribbon Photo Award.
Le Jury 2020 a sélectionné les trois Prix du Jury - le Grand Prix et les deux Prix Accessits, tandis que les internautes ont pu voter
du 1er au 15 octobre 2020 pour élire et pour la quatrième année leur Prix du Public Téva.
Grand Prix du Jury Margot Lestien
Prix Accessits Isabelle Mertens et Yéri Bérénice Ouédraogo
Prix du Public Téva Julien Cresp
Tous nos remerciements à celles et ceux qui ont participé avec leur talent et leur cœur à cette neuvièmee édition, qu'ils soient lauréats, finalistes, ou non !
Merci également à nos partenaires et les membres du Jury qui ont accepté de nous accompagner encore cette année avec une grande générosité.
du 1er au 15 octobre 2020 pour élire et pour la quatrième année leur Prix du Public Téva.
Grand Prix du Jury Margot Lestien
Prix Accessits Isabelle Mertens et Yéri Bérénice Ouédraogo
Prix du Public Téva Julien Cresp
Tous nos remerciements à celles et ceux qui ont participé avec leur talent et leur cœur à cette neuvièmee édition, qu'ils soient lauréats, finalistes, ou non !
Merci également à nos partenaires et les membres du Jury qui ont accepté de nous accompagner encore cette année avec une grande générosité.
Estée Lauder Pink Ribbon Photo Award 2020
Margot Lestien
« Il y avait eu le froid glacial de l'annonce qui m'avait projetée dans la mort. Il y a l'eau fraîche dans laquelle je m'immerge et qui rappelle à tous mes pores que je suis vivante.
Il y avait eu ma rivière de larmes. Il y a leurs sillons creusés au coin de mes yeux chaque fois que je ris.
Il y avait eu mon sein gauche découpé, suturé. Il y a mon sein droit qui se dresse hors de l'eau.
Il y avait eu ma peau insensible. Il y a ma cicatrice immergée qui frissonne.
Il y avait eu les rayons de la radiothérapie qui brûlent. Il y a ceux du soleil qui réchauffent mon corps.
Il y avait, il y a et il y aura toujours le courant, celui de l’eau, de la vie qui parfois m'entraîne et me malmène, me file entre les doigts et me glisse dessus. Mais ce courant je sais aussi le fendre, le remonter, y naviguer, m'y immerger et comme lui me renouveler.
Et de cet étrange baptême mon buste irrégulier ressort avec le même nom que celui de cette rivière : le Fier. »
— Patricia
Estée Lauder Pink Ribbon Photo Award 2020
Isabelle Mertens
« Crâner de voir mon crâne nu.
John rase l’arrière de ma tête.
Les cheveux tombent.
Mon visage ne change pas dans le miroir.
Mes yeux pétillent. C’est un jeu.
Quelque chose qu’on ne fait pas.
C’est aussi un quitte ou double.
Beau ou laid ?
La surprise passée je ressens une certaine force de ne plus avoir de cheveux sur la tête.
Comme si le dépouillement m’apportait de la force, de la douceur et de la féminité.
Suis-je nue ?
Ou au contraire, suis-je moins touchable, moins attaquable, moins atteignable ?
Est-ce que ce crâne nu fait de moi cette femme d’humanité ?
Cette lignée milliardaire d’années ?
Pour sûr, je me sens forte de l’humanité quand mon crâne apparaît.
Les premiers Hommes. Les premières Femmes. Je suis le fruit de cette lignée.
Dépouillement privilégié.
Dépouillement d’humanité.
Merci la Vie pour cette expérience que je n’aurais jamais osée et qui me fait du bien.
Je me sens en lien.
Si connectée. »
— Déborah
Prix Accessit
Estée Lauder Pink Ribbon Photo Award 2020
Yéri Bérénice Ouédraogo
Te souviens-tu Grand-Mère de ce moment ?
À cet instant précis, je suis devenue adulte. Jusque là j’avais l’impression d’avoir cinq ans et demi, l’âge de notre séparation.
J’ai alors osé te parler de ce corps caché sous tes pagnes colorés.
Maman t’a traduit en dialecte lobi l’intention de mon projet.
Je voulais voir, toucher, ressentir et partager avec toi cette épreuve passée ; il y a quatre ans et loin de moi.
Ta réaction était à la hauteur de ce que tu pouvais dégager, toi la mère de huit enfants, droite et fière, au regard franc.
Tu as retiré le haut de ton wax et tu t’es présentée face à moi sans un mot. Un silence lourd mais criant tout ce que nous ne pouvions nous dire par le barrage de la langue. Tu m’impressionnais et en même temps, je souhaitais devenir ton voile de protection.
J’ai posé ma main non pas sur ce sein qui n’est plus mais sur la cicatrice qui le remplace.
Tu n’as pas bougé et tu m'as offert ton âme. Tu as compris l’importance de ma demande.
Minafré (je t’aime).
Prix du Public Téva
Estée Lauder Pink Ribbon Photo Award 2020
Julien Cresp
« Dans les ténèbres de l’épreuve, face au gouffre de notre faiblesse, une force surgit d’au-delà de nous-mêmes et nous offre cette opportunité : choisir la vie !
Le choc du cancer m’a donné envie de rassembler ce que j’ai de meilleur en moi et autour de moi, ceux que j’aime, pour gravir cette montagne de la maladie ensemble : encordés jusqu’au sommet, jusqu’à la guérison !
Je crois que l’union fait la force, que la communion transcende, que l’autre est un passeur.
Comme les aspérités nécessaires à l’ascension, nos failles sont fécondes. Y jaillit la lumière.
Dans l’objectif du photographe ami, ils sont là, invisibles. Ils tirent la corde, une tension, une danse. Complicité. Gratitude. Espérance. On lit sur mon front de l’audace : « À bas les haut-le-cœur ! ». Mon adage : « Haut les cœurs ». Résilience.
Modiste, il y a vingt ans, j’œuvrais à la féminité autour de la tête. Aujourd’hui, tête nue, j’assume la féminité sans complexe.
La montagne me déshabille pour me recentrer sur l’essentiel : vivre ! »
— Marie-Clémence.
Les finalistes du concours
ESTÉE LAUDER PINK RIBBON PHOTO AWARD 2020
Ellen TEURLINGS
Tout est dans son regard. Celui de ma mère. 85 ans de vie. Quatre cancers au sein. 40 ans de traitements.
J'étais adolescente quand le mot cancer est entré dans notre famille. Jeune adulte quand son corps fut encore mutilé. Maman quand à nouveau une part de sa féminité s'est envolée.
Sa devise est d’aller de l'avant, toujours de l'avant ! La société nous octroie le droit de vivre que si nous sommes performants, beaux, forts, gagnants, sans défaut, sans « casserole » et surtout sans maladie. Nous subissons la dictature de la normalité. Ma mère n'a jamais accepté de vivre sous une dictature. Elle nous montre qu'il serait temps d'accepter nos fragilités et nos faiblesses. Celles des autres aussi. Nous devons les apprivoiser à défaut de pouvoir les effacer. Prendre ce chemin nous rend forts, plus libres, plus vrais, plus nous-même, plus humains.
Oui, la vie peut être belle ! Elle n'est pas belle pour quelque chose d’aussi éphémère que son apparence ; elle est belle pour ce qu'elle est et ce que l'on en fait ! Et elle l'a fait !
Yéri Bérénice OUÉDRAOGO
Te souviens-tu Grand-Mère de ce moment ?
À cet instant précis, je suis devenue adulte. Jusque là j’avais l’impression d’avoir cinq ans et demi, l’âge de notre séparation.
J’ai alors osé te parler de ce corps caché sous tes pagnes colorés.
Maman t’a traduit en dialecte lobi l’intention de mon projet.
Je voulais voir, toucher, ressentir et partager avec toi cette épreuve passée ; il y a quatre ans et loin de moi.
Ta réaction était à la hauteur de ce que tu pouvais dégager, toi la mère de huit enfants, droite et fière, au regard franc.
Tu as retiré le haut de ton wax et tu t’es présentée face à moi sans un mot. Un silence lourd mais criant tout ce que nous ne pouvions nous dire par le barrage de la langue. Tu m’impressionnais et en même temps, je souhaitais devenir ton voile de protection.
J’ai posé ma main non pas sur ce sein qui n’est plus mais sur la cicatrice qui le remplace.
Tu n’as pas bougé et tu m'as offert ton âme. Tu as compris l’importance de ma demande.
Minafré (je t’aime).
Amandine DIÉVAL
Avoir un cancer du sein à 28 ans… quelle idée !... Pas si incongrue finalement.
Cette photo a été prise après ma mastectomie partielle en juillet 2020.
Comme les enfants qui ont peur de ce qui se cache sous leur lit, j'ai peur de ce monstre invisible, mais pourtant bien là.
Puis on grandit et on oublie ces créatures. À mon tour de grandir de cette maladie et vivre en oubliant les monstres sous mon lit.
Ma résilience ? Dormir sur mes deux oreilles malgré mes peurs, mes doutes et avoir confiance en la médecine.
Anne-Ael MERDY
Marie — mon modèle — et moi nous sommes rencontrées via Instagram.
Du virtuel nous sommes passées au réel avec une facilité presque déconcertante. Nous sommes des âmes sœurs, parties ensemble à la rencontre de la résilience.
J’ai pu conserver mon sein, elle non. Quand je lui ai proposé d’être mon modèle pour le concours, elle a accepté sans hésiter ; pour l'expérience d’abord, pour la symbolique ensuite. Nous sommes habituées à nous entraider, à nous accompagner mutuellement.
Elle ne s'aime pas, elle s’accepte uniquement à travers des filtres, des artifices ; elle ne se reconnait plus. Je lui ai juste donné des fleurs blanches en guise d'accessoires et je lui ai laissé maitriser sa pudeur, sa gêne.
Au final elle caresse délicatement sa poitrine, je capte ce moment où elle effleure sa cicatrice, où elle accepte ce corps qui l’a faite souffrir. Elle a détesté sa mastectomie, mon sein préservé me fait peur.
À travers cette photo, ensemble, nous résilions notre bail avec le cancer.
Gilles AUTEROCHE
Christelle ferme les yeux, sereine, apaisée.
Elle a rencontré le cancer par deux fois. Courageuse, elle a voulu garder son sein, six ans après sa première opération. Résiliente, elle a surmonté, non sans douleur, cette nouvelle épreuve de la vie. Dans sa tête, elle avait déjà gagné, dans son corps, elle est allée de l’avant avec une volonté de reconstruction.
Je me suis inspiré de l’art japonais, le kintsugi qui consiste à sublimer les objets cassés, en mettant en évidence les cicatrices à la poudre d’or, ce qui en augmente leur valeur.
Dans sa posture, Christelle m’a montré sa victoire contre ce deuxième cancer dans un ultime combat. Son corps meurtri est d’autant plus beau que son âme semble rayonner d’énergie et de sérénité.
Arnaud GRAS
« Tu es venu fracasser tous mes projets tel un cataclysme. Ce n'est pas que le corps qui a lutté. Il a fallu tout revisiter, recaler, élaborer.
Pour finalement réaliser ce que j'ai toujours espéré.
L'amour, ce rempart. »
— Agnès
Sylvie DURAND
C'est mon anniversaire en ce jour de Mars,
Trop heureuse de croquer la Vie à pleines dents,
Même si elle ne m'épargne pas, la Garce !
Je désire rester en ce monde encore longtemps.
À cinquante-neuf ans je suis toujours la même,
Un peu sage, souvent folle, amoureuse toujours,
Des plaisirs de la Vie, de tous ses problèmes
Qui forgent ce que je suis sans perdre mon humour.
J'espère ne pas choquer les âmes trop sensibles
En montrant ce que vous ne sauriez voir,
Cet « avant-cœur » dorénavant invisible,
Évincé par un trait qui désormais le barre.
N'y voyez là provocation mais du courage
De vous montrer ce que je suis vraiment
Une femme acceptant par cet effeuillage
Ce qu'elle est devenue en trois ans.
Les yeux au ciel, que je ne veux pas atteindre,
Le cœur à nu et sans tabou je vous dévoile
Cette ligne de Vie nouvelle et non des moindres,
Cette cicatrice distincte quand je suis... à poil.
Auto-portrait (photo et texte du 05/03/2020 - Ma résilience : me montrer telle que je suis)
Natalia KOVACHEVSKI
« L’art de naviguer dans les torrents », garder le cap malgré la violence des vents ?
Mais certains ouragans emportent tout sur leur passage.
La résilience n'est pas un mérite mais si c'est un art, en voici le message : on est désorienté quand il n'y a plus de possible retour, on ne peut qu'avancer, en appelant au secours, trouver refuge sur un îlot où se reposer.
Soulagée et reconnaissante d’avoir survécu à la noyade. Puis culpabiliser de ne pas correspondre aux attentes, la peur d’une rechute qui hante et s’entendre dire que l’on est une battante, que l’on devrait se réjouir d’être en rémission ! Au lieu de vivre dans la dépression.
Deux ans après l'annonce de son cancer, Sandhya navigue toujours et espère.
Elle a surmonté la chimiothérapie et les rayons mais le voyage lui semble interminablement long. La peur du naufrage est toujours là, peu importe son âge, elle durera. Elle sait que l’avenir exigera d’autres sacrifices. Le temps atténue mais n’efface, ni son vécu, ni ses cicatrices.
Pauline THÉON
Il fallait avancer sans toi
Te laisser partir avec lui
Lui qui t’avait emmené avec tant d’autres
Serrer les dents
Lutter contre le courant
Contre vents et marées
Se dépasser
Sortir la tête de l’eau
Devenir cette femme plus forte
À ton image
Pour tes combats
Et par amour.
J’ai rencontré Inès il y a 2 ans. Et elle est rapidement devenue une évidence. Elle est comme la sœur que je n’ai pas eu et elle accepte toujours de poser et ainsi m’aider à mettre en image ce que je ressens. Elle connait beaucoup de ma vie, de mes bonheurs, de mes chagrins et aussi du vide qui m’entoure parfois. Je tenais à la remercier pour cet instant, cette photo où elle a su traduire via sa posture et son regard ce que je ressentais, ce que je voulais dire à ma grand-mère qui est bien loin maintenant : « Je ne lâcherais pas. Jamais. Pour toi. Pour ton amour. »
Cindy MILLET
« Mon amour, mon évidence, prends appui sur moi, laisse-moi porter tes douleurs, tes craintes, tes angoisses.
Je suis Toi, tu es Moi.
Je Nous aime...
Cindy, tu as su capter notre essence. » — Yannick
-------------------
« Mes amis,
Merci de m'avoir choisie pour mettre en lumière votre amour alors que le cancer frappait une troisième fois Barbara. Ce combat fut aussi le mien. Il est le vôtre, il est le nôtre.
Ensemble, nous portons l'espoir d'une renaissance. » — Cindy
Yannick et Barbara m’ont demandé de les prendre en photo alors qu’ils étaient en plein combat. Je suis photographe amatrice et j’ai été touchée moi-même par le cancer du sein. Notre participation au concours Estée Lauder m’est alors apparue comme une évidence à la lecture de cette phrase présentant le thème : « Prenant force sur les vents contraires, la résilience colore la vie d’espoir et d’optimisme ». C’est exactement ce que leur couple représente : malgré la tempête, l'amour donne des couleurs à leur vie. Ils sont l'espoir. Ils sont l'optimisme.
Valerie LEGRAND
Cette photo représente le premier jour de ma nouvelle vie.
Celle qui est composée du meilleur de mon passé : ma robe de mariée pour l'amour inconditionnel de mon mari ; mes chaussettes de contention qui cachent mes bras et qui m'ont tenu chaud durant mes sept opérations avant d'en arriver à la libération.
Elle est aussi mon présent : la photo a été prise en période de confinement pour un challenge impulsé par notre belle Kommunauté.
Mon nouveau corps que j'aime enfin tel qu'il est.
Ma vision de l'essence même de la vie. L'amour représenté par la Vénus : on naît d'amour et on est d'amour.
Elle est le début de mon avenir : c'est la première fois, mais pas la dernière, que j'expose fièrement mon corps, je le trouve beau et harmonieux.
Cette photo m'a fait prendre conscience des forces enfouies en moi, probablement cachées sous mes vieux seins.
Je ne suis qu'au début de ce nouveau cap : doux mélange de mes cicatrices passées et de ma grande confiance en la suite.
Linh DEL
Alexyanne a été une évidence.
Elle a la fraîcheur de sa vingtaine d'années ; ce coté juvénile associé à un parcours de femme guerrière.
Son premier combat : celui de devenir mère. Ce parcours qui use et affaiblit une part de féminité. Puis, en stimulant son corps pour l'aider à accueillir la vie, le cancer s'est déclaré en elle, plus vite, lui laissant cette cicatrice sur ce sein qu'elle désirait plus que tout nourricier, lui abîmant cette courbe de féminité, ce symbole. Une cicatrice qui lui rappelle chaque jour cette lutte et la douleur d'un ventre vide.
Et Cindy, cette artiste qui répare les maux. Celle qui apprivoise les cicatrices et les rend belles.
Le tatouage en lui même symbolise presque toujours une étape de vie. Je crois que c'est la définition même du mot résilience d'un point de vue artistique.
Quand les marques de la maladie se transforment en œuvre d'art. Quand de ces stigmates naissent l'art, la lumière et l'acceptation.
Gwen DUMOULIN
Le silence.
Le temps de la conscience.
Le ciel qui acquiesce,
Les ombres apparaissent.
Indélébiles sur ce corps affaibli,
Ce corps meurtri par la maladie.
Le silence.
Le temps de la renaissance.
À Séverine, symbole de résilience et de bienveillance.
Je la remercie de m’avoir confié sa féminité pour dire au monde entier « Ne cherchez pas la force ailleurs, elle est en vous ».
Perrine BUTZ
Alice, 33 ans, et Amandine, 36 ans, se sont rencontrées « grâce » au cancer du sein qu’elles ont eu pendant leur grossesse.
Leur histoire est avant tout une histoire d’amitié, de féminité et d’acceptation de soi. Se redécouvrir femme avec un sein en moins, se reconnecter avec sa force intérieure. Assumer son corps avec ses cicatrices. Un besoin d’embrasser la vie, d’exister. Leur histoire, c’est celle d’avoir perdu un sein et d’avoir donné la vie. Devenir mères d’une fille qui deviendra femme.
Alice est une amie de longue date. Je l’ai prise en photo pendant sa grossesse, juste après l’annonce de sa mastectomie, puis une seconde fois après l’opération, juste avant d’accoucher.
Cette séance lui a permis de renouer avec la beauté de son corps, quel qu’il soit. Elle a voulu offrir la même chose à son amie Amandine, qui venait d’accoucher de sa fille après une récidive, pour qu’elle se voit belle, simplement. Cette photo a été prise à la fin de la séance.
Katell LE NAVIOS
Quand ma sœur m'a proposé de faire cette photo, ce fut une évidence. Nous venions de perdre notre mamie du cancer.
Lorsqu’à son tour elle nous a annoncé sa maladie, cela nous a anéantis. Nous étions à imaginer le pire, la terreur au ventre. Mais elle a répondu à nos angoisses avec sourire, disant qu'elle se battrait, qu'on ne devait pas s'inquiéter. C'était fou, c'était elle qui nous rassurait !
Quand elle a compris qu'elle allait perdre ses cheveux, elle n'a pas attendue qu'ils tombent, elle a choisi de les couper, sereinement.
Oui, elle a subi la maladie. Oui, elle a eu peur. Oui, elle a souffert de son corps meurtri… mais elle a puisé en elle une force incroyable qui lui a permis de faire de tout cela une force. Celle de se battre, de continuer de s'aimer. Elle est belle mais ce combat l'a rendu plus belle encore et plus forte qu'elle ne l’était.
Elle a choisi de prendre la maladie à bras le corps, décidée à guérir, certaine d'y arriver. Elle m'impressionne ! Voici Anne-Ael, c'est ma petite sœur et je l'aime.
Nathalie BARDOU
« Du rouge éclatant aux ongles, aux lèvres et une féminité enfin retrouvée.
Une paire de seins sains dans un présent dont je savoure l'instant.
Un cadeau blanc pour écrire la suite d'une histoire dont j'ignore la fin. » — Marie-Pierre
Nina PARISI
L'autre soir, j'ai rencontré huit femmes.
Anissa, Angélique, Christel, Jeanne, Estelle, Charlotte, Candice et Iris.
« Regarde, nous avons dansé sous la nuit !
Nous sommes nées de celles qui l'ont emportée.
Nous sommes les résistantes.
Pour toi nous ne tremblerons pas ; pour toi nous danserons chaque nuit.
Pour toi nous resterons agrippées au devenir.
Le jour sans relâche se relève, alors nous ne te laisserons pas, nous allons tout réinventer, tout redessiner, tout imaginer.
Nous sommes l'impulsion d'une vague et tu es la marée haute. »
L'autre soir j'ai rencontré ma force, ma résilience.
À mon arrière-grand-mère qui aussi, avait dû rencontrer quelque part ces femmes pour trouver le courage.
Margot LESTIEN
« Il y avait eu le froid glacial de l'annonce qui m'avait projetée dans la mort. Il y a l'eau fraîche dans laquelle je m'immerge et qui rappelle à tous mes pores que je suis vivante.
Il y avait eu ma rivière de larmes. Il y a leurs sillons creusés au coin de mes yeux chaque fois que je ris.
Il y avait eu mon sein gauche découpé, suturé. Il y a mon sein droit qui se dresse hors de l'eau.
Il y avait eu ma peau insensible. Il y a ma cicatrice immergée qui frissonne.
Il y avait eu les rayons de la radiothérapie qui brûlent. Il y a ceux du soleil qui réchauffent mon corps.
Il y avait, il y a et il y aura toujours le courant, celui de l’eau, de la vie qui parfois m'entraîne et me malmène, me file entre les doigts et me glisse dessus. Mais ce courant je sais aussi le fendre, le remonter, y naviguer, m'y immerger et comme lui me renouveler.
Et de cet étrange baptême mon buste irrégulier ressort avec le même nom que celui de cette rivière : le Fier. »
— Patricia
Gabriela RUIZ-VIVANCO
Histoire de mon autoportrait
C'était un rêve sombre et obsédant qui était comme une prémonition qui a révélé la maladie.
J'étais complètement seule au milieu de la mer agitée, à la dérive dans un bateau brisé, dominé par l'obscurité presque totale. Et quelques jours plus tard, le diagnostic — « Cancer » — un simple mot si difficile à assimiler.
À partir de ce moment, un long processus s'ensuit : hôpital, radiothérapie, chimiothérapie, perte de poids, perte de cheveux, solitude et incertitude… Cependant, cela permet d'entrevoir la beauté des choses simples de la vie. Chaque instant est une goutte d'espoir et la fortune de se sentir aimée et protégée par les gens qui nous entourent est cruciale pour guérir.
Après quelques années de rémission, c'est comme une renaissance, même si la vie n'est pas toujours facile, j'ai l'intention de réaliser les rêves qui m'attendaient, comme la photographie, un art qui me permet de m'exprimer et de me connecter avec le monde.
Isabelle MERTENS
« Crâner de voir mon crâne nu.
John rase l’arrière de ma tête.
Les cheveux tombent.
Mon visage ne change pas dans le miroir.
Mes yeux pétillent. C’est un jeu.
Quelque chose qu’on ne fait pas.
C’est aussi un quitte ou double.
Beau ou laid ?
La surprise passée je ressens une certaine force de ne plus avoir de cheveux sur la tête.
Comme si le dépouillement m’apportait de la force, de la douceur et de la féminité.
Suis-je nue ?
Ou au contraire, suis-je moins touchable, moins attaquable, moins atteignable ?
Est-ce que ce crâne nu fait de moi cette femme d’humanité ?
Cette lignée milliardaire d’années ?
Pour sûr, je me sens forte de l’humanité quand mon crâne apparaît.
Les premiers Hommes. Les premières Femmes. Je suis le fruit de cette lignée.
Dépouillement privilégié.
Dépouillement d’humanité.
Merci la Vie pour cette expérience que je n’aurais jamais osée et qui me fait du bien. Je me sens en lien.
Si connectée. »
— Déborah
Hubert LAPINTE
« Notre rencontre s’est déroulée lors d’un moment où ensemble nous allions vers le même combat, lutter contre ce foutu cancer.
Élodie est à ce moment là en cours de chimio, de mon côté je continue ce combat qui me tient à cœur depuis 2013, artiste plasticienne je mets mon expérience, ma vie et ma combativité pour sensibiliser et faire avancer les choses.
Je suis moi même touchée par de lourdes pathologies et par une vie hors du commun.
L’amitié est née, le partage, les échanges, nos vies sont différentes mais chargées d’expériences et de combats, aller de l’avant toujours même dans l’adversité !
Nous marchons sur la même longueur d’onde croquant la vie à pleine dents quoi qu’il arrive. Nous avons pleuré, c’est vrai, mais nous avons également ri, de soulagement, de bonheur, de complicité... Rire de tout pour ne pleurer de rien.
Notre amitié, une aventure humaine, amicale et fraternelle, désormais fait front commun contre ce cancer. »
— Lilie
Élodie FOUGÈRE
« Résilience...
Je ne sais pas si j'y suis arrivée.
Pas si facile de dépasser la parenthèse des soins et de la rémission ; je tends à sortir du mode combat pour un retour à la vie normale. Et me reconstruire, au sens propre, reste dans ma ligne de mire.
Je réussis à aller mieux pour moi et mes proches. Je sens mon cœur battre et refleurir à nouveau. »
— Cécile
Vijay & Vanessa MOSELLE
« La vie n’est pas toujours tendre, elle est même intimement associée à la souffrance. L’âme humaine est sensible, délicate. En cas d’épreuves effroyablement lourdes, douloureuses, elle peut rester profondément meurtrie, abîmée, hantée, traumatisée.
Cependant, cela ne demeure pas une fatalité.
Pour moi, l’oiseau blessé à l’aile amochée a réappris à voler.
Alors que je me sentais m’éteindre sur mon vieux lit rouillé, une formidable lueur d’espoir a jailli ; ma frêle main s’est accrochée et a vaincu noirceur, désespoir, détresse et plaies intérieures béantes. Nous sommes tous capables de beaucoup plus que ce que nous croyons. Nous possédons tous, au plus profond de nous-mêmes, des forces insoupçonnées, presque miraculeuses, afin de se relever et de renaître. Savoir se délivrer d’un passé qui empoisonne ; pouvoir rebondir alors que l’on croit la guerre perdue.. c’est grandir, c’est être résiliente.
La résilience, cette aptitude à surmonter les chocs les plus douloureux, sommeille en chacun d’entre nous. J’en suis la preuve vivante. »
— Sarah B.
S’accrocher avec force, laisser entrer la lumière de l’espérance, se vêtir de douceur pour vaincre la maladie, voilà la femme d’aujourd’hui qui a combattu, qui sourit à nouveau à la vie. Plus belle de l’intérieur, plus forte de l’extérieur. Elle a vaincu !
Gilles DELACUVELLERIE
Camille, à quelques semaines de l’ablation du sein, a voulu se faire photographier dans son plus simple appareil, accompagnée du doute sur la beauté proposée par son corps.
Les choix d'une source de lumière unique et d'une pose simple allaient pour moi dans le sens de sa démarche.
Par son regard sûr et tranquille, Camille donne par cette photo un sens particulier au mot résilience.
Sébastien AUBLANC
Sophie a eu connaissance de son cancer pendant le confinement. Elle m'a demandé si, en tant que photographe professionnel, je voulais faire un suivi de ce parcours.
Cette image est issue de la séance photo faite après la perte de tous ses cheveux : il y eut des pleurs, des rires, de l'émotion.
Remplie d'autodérision, fière, provocante, Sophie affronte cette épreuve tout en restant femme. Guerrière involontaire, elle défie dans un combat inégal cette maladie qui la ronge. Forgeronne de métier, elle sculpte là ses armes de l'espoir.
Cette image montre un instant suspendu, tel le papillon posé sur la brindille du temps, fragile et éphémère.
Sophie LOUSTAU
Après l’acception, la libération.
Comment accepter l’impensable et rebondir avec force ?
Marie-Josée, 74 ans, affronte son cancer avec élégance et humour.
Mais parfois, même une forte volonté et un esprit optimiste comme le sien, ne suffisent pas. Il est alors louable de s’appuyer sur un proche. L’amour de sa famille l’aide à se tenir droite et à croire en un futur meilleur.
En transformant cette dure épreuve de la vie en rage de vivre, souvent les maux s’envolent ailleurs.
Victoria MARIEZ
Sur cette photo, dix jours s'étaient écoulés depuis sa mastectomie, et pourtant elle rayonnait dans sa fourrure rose. Ses idées fusaient devant l'objectif et nos rires remplissaient l'espace : à ce moment précis elle ne se contentait pas de survivre, elle vivait pleinement.
Son histoire, c'est celle de milliers d'autres personnes, et là où chacun a sa propre façon de se défendre face à la vie, la sienne a été de se réinventer et de devenir la femme qu'elle est maintenant. Elle s'est réappropriée sa féminité et a incarné son nouveau corps avec élégance et dignité : elle s'est offert le respect qu'elle méritait.
C'est avec optimisme, ténacité, résilience et courage qu'elle s'est battue sous mes yeux, avec une force que je n'ai vu nulle part ailleurs. Chaque obstacle a été transformé en opportunité, chaque épreuve en leçon d'humanité.
Alexandra est mon roc, mon pilier, mon phare et avant tout ma sœur, qui, encore une fois, m'a montré ce que c'était que d'être soi, sans compromis.
Laurence REBOULLET
Carole, mon amie, ma sœur,
Septembre 2018, ces boules dans ta poitrine sont aussi dans ma gorge.
Je reste sans voix.
Tu vivais chaque journée sans certitude du lendemain. Lors de la séance, cela nous a portées et permis de profiter de l'instant présent.
Tout ce que j'ai voulu te dire, je l'ai capturé dans cette photo.
Le noir et blanc fut une évidence pour transmettre l'émotion de ce moment intime et singulier.
________
Laurence,
J'ai mis du temps à m'approprier cette séance, adoptant postures et émotions calculées.
Tu m'as laissée naviguer dans la pièce, dans mes gestes, mes ressentis et mes blessures.
J'ai utilisé ton objectif pour révéler ce que je cachais et sortir de cette chrysalide.
En me glissant dans cette nuisette, j'ai vécu le passage de celle que j'étais et que je suis, à la femme que je serai.
Julien CRESP
« Dans les ténèbres de l’épreuve, face au gouffre de notre faiblesse, une force surgit d’au-delà de nous-mêmes et nous offre cette opportunité : choisir la vie !
Le choc du cancer m’a donné envie de rassembler ce que j’ai de meilleur en moi et autour de moi, ceux que j’aime, pour gravir cette montagne de la maladie ensemble : encordés jusqu’au sommet, jusqu’à la guérison !
Je crois que l’union fait la force, que la communion transcende, que l’autre est un passeur.
Comme les aspérités nécessaires à l’ascension, nos failles sont fécondes. Y jaillit la lumière.
Dans l’objectif du photographe ami, ils sont là, invisibles. Ils tirent la corde, une tension, une danse.
Complicité. Gratitude. Espérance. On lit sur mon front de l’audace : « À bas les haut-le-cœur ! ». Mon adage : « Haut les cœurs ». Résilience.
Modiste, il y a vingt ans, j’œuvrais à la féminité autour de la tête. Aujourd’hui, tête nue, j’assume la féminité sans complexe.
La montagne me déshabille pour me recentrer sur l’essentiel : vivre ! »
— Marie-Clémence
Manuella AUBIN
« C’est le chaos dans ma tête.
Une multitude de choses se bousculent. C’est l’embouteillage en sortie d’autoroute. Plus rien ne semble avancer ou, au mieux, au compte-gouttes. Justement ce goutte-à-goutte… Il résonne comme un vacarme.
Je suis soigneusement attachée pour quelques heures à ce poison qui coule désormais en moi. Il me terrifie, et aussi étrange que cela puisse paraître, je l’aime profondément. Ce paradoxe est un véritable hurlement à l’intérieur de moi. Vous l’entendez ? Pour me relever, il faut d’abord que je tombe à terre.
Et je me relèverai. »
— Carole
J'accompagne Carole depuis le 17 mai 2019.
Toutes deux photographes, nous avons eu envie de mettre en exercice notre passion pour ériger un reportage photos, afin de sensibiliser largement aux répercussions — toutes confondues — qu'impose le cancer du sein.
Cette image, faite lors de l’une de ses nombreuses cures de chimio, incarne précisément l'acceptation et le dépassement de soi, le cri libérant parfois la douleur et la colère.
Marie-Sophie MEOWORNEVER
« Tête haute, regard pensif.
Philosopher c’est aussi apprécier ce que la vie nous offre.
Épreuves acides, prendre conscience que nous sommes telles des fleurs…
Mortelles pas Immortelles. Affronter le regard de sa forme évocatrice, apprécier de croquer dans ce fruit juteux, son goût grimaçant et ainsi accepter de vivre tout comme une fleur avant de devenir immortelle.
En digérer son essence. La résilience c’est réinventer. »
— Mélanie
Ema MARTINS
L’art comme thérapie
Ce combat, tu le mènes depuis combien de temps déjà ? Les années ont passé et tu es là pour le raconter.
La maladie a frappé plus d’une fois, ne te laissant aucun répit. Et toi, face à elle, tu t’en es sortie.
Ton désir de vivre t’a menée à l’art, l’art comme thérapie. Un art multiple, un art communicatif. Une nouvelle Line est née, plus épanouie.
Aujourd’hui, quel est ton message ? « Lutter, profiter de la vie, foncer ».
Vanessa AESCHBACH
Guerrière, à mon tour (ou Inéluctable)
Solide comme un géant de pierre. En roche de cristal.
Un petit creux dans la poitrine. Rien que pour ma peau.
Mes murmures. Ma grâce. Ma vanité.
Un refuge aussi secret que les profondeurs du monde oublié.
Les murs mousseux. Ruisselants. Vivants. À lécher.
Telle les plaies qui traversent à présent mes chairs. Bientôt sèches.
Des honneurs couleur vermeille. Renflés. Remués.
De la terre labourée. Patiemment. Amoureusement.
Au Saint fruit. Sauveur. Souffleur : du plomb à l'or.
Angélique VIRGONE
« Oh la jolie poupée ! » Elle a tout pour elle. Puis badaboum, c’est un cancer. L’équipe soignante s’y colle et la recolle. Les termes techniques y passent finissant tous en « thérapie » : chimio, immuno, radio.. en pie.. Et pis quoi ? Les poupées ça redevient joli, même avec tous ces sparadraps en queue de pie.
La cheminement de Maëva m’a bouleversée, moi, chercheuse en cancérologie. Puis, le regard de poupée de Maëva m’a emportée, moi, photographe à mes heures perdues.
Si je devais donner une définition à la résilience, ce serait la démarche faite par Maëva : toquer à la porte d’une inconnue, moi, pour la photographier et la mettre en valeur. Alors j’ai orné la poupée, j’y ai scotché mon sparadrap, une petite voilette pour souligner ce joli regard vert de poupée réparée.
Rencontre d’une chercheuse en cancérologie, photographe, et d’une patiente, Maëva. Pour que Maëva redonne une raison à mon métier de chercheuse et moi lui confirmer par ce cliché qu’elle est une jolie poupée.
Sébastien DARGAUD
La volonté !
La volonté de ne pas se laisser abattre ; la volonté face à la maladie ; la volonté de s’affranchir des limites ; la volonté de s’accepter ; la volonté de ne pas se cacher ; la volonté de « s’afficher ».
Isabelle m’a appelé pour me parler de ce concours photo, et savoir si je souhaiterais y participer avec elle.
C’était le début de notre collaboration. Un mélange d’idées et l’histoire de ce cliché.
Ses mots illustrent cette volonté, née d’une battante : « Toi le cancer, tu m’as pris une part de féminité ,mais tu ne m’enlèveras pas mon cœur de femme, ni mon âme de vivre.
Ne jamais abandonner, c’est ne jamais s’abandonner soi-même. Ainsi je souris à cette force de vie, ma résilience à moi.
Rester debout sur cette route. Coûte que coûte, bien droite et avancer. Merci la vie ! »
Stéphanie DI DOMÉNICO
J'ai accompagné photographiquement Stéphanie dans ses différents rendez-vous, tout au long de sa maladie.
J'ai admiré tout le long de ce parcours sa résilience face à la maladie. Une belle leçon de vie à ses cotés. Nous avons fait beaucoup de photos ensemble. Je retiens celle-ci, réalisée un jour de radiothérapie. Stéphanie était resplendissante, forte, sublime. En plein vers sa résilience !
Le jeu des lumières sur son corps m'a énormément inspirée. Il s’agit d'un moment volé comme j'aime en faire, empli de puissance, comme en témoigne son regard.
Julian ALONSO
Septembre 2016
Julie, trente ans, était atteinte d’un cancer du sein lorsqu’elle retrouva Julian, ancien camarade de classe.
Elle voulait photographier cette période de sa vie « pour ne pas oublier », lui, mettait en images et en mots les personnes « pour mieux les comprendre. »
D’une confiance aveugle est née une série photographique imageant Julie et son for intérieur. Pour ce faire, le photographe supprima tout contexte visuel et utilisa une lumière symbolisant la dualité de l’existence de Julie, entre espoir de vie et maladie qui ronge.
Cette photographie, mettant en scène Julie et deux enfants fantomatiques en mouvement, illustre son désir viscéral d’à nouveau « entendre le premier cri d’un nouveau né », alors même que son avenir s’écrivait en pointillé.
Trois ans plus tard, entre deux contrôles devenus routiniers, Rose, le deuxième enfant de Julie, naissait.
Florine MULLER
Qu'est ce que la résilience ?
Est-ce accepter la maladie et la faire sienne, ou est-ce la rejeter et entrer en guerre ? Est-ce la femme que l’on admire parce que « ça ne se voit pas » ou celle qui promène sa petite tête chauve le sourire aux lèvres ? Est-ce toujours garder espoir ou est-ce aussi accepter la mort ?
N’est-ce pas trop souvent un état octroyé par l’entourage, un mot parfois moralisateur et source d’angoisse pour celles qui ne le sont pas assez aux yeux du monde ?
Et si la résilience n’était autre que ce sourire jeté au hasard ? Qu’un cœur qui s’active, qu’un regard qui s’émerveille encore.
N’était autre que la vie dans son essence la plus pure, que celle-ci dure encore des années, des mois, des jours ou quelques minutes.
La vie est résilience. Ce sourire en est l'emblème.
Je suis étudiante en médecine, Céline est maman de trois enfants. Cette photo, réalisée en 2019, est tirée du projet Artémis, une campagne de prévention, que l'on aurait facilement pu nommer « Résilience ».
Elizabet CASTILLO
Les liens étroits
Les deux femmes les plus importantes et les plus aimées de ma vie : ma mère à gauche, ma tante à droite.
Ce moment était très personnel et intime. Je rendais visite à ma famille à Cuba, comme chaque année. J'ai pris cette photo quelques heures avant de prendre mon vol de retour vers l'Europe. Je disais au revoir en espérant que ce ne serait pas pour toujours. EIles se battent contre le cancer aussi longtemps que je m'en souvienne. Ma mère est une survivante. Ma tante se bat toujours, elle n'a plus de seins ni d'utérus. Elle perdait à nouveau ses cheveux. Mais elle n'a jamais perdu sa gentillesse ni son espoir.
J'ai été inspirée par la lumière de l'après-midi qui venait par la fenêtre de façon très dramatique. J'ai utilisé la lumière et la composition pour isoler les sujets dans leur environnement et faire entrer le spectateur en scène afin qu'il puisse se connecter avec le personnage dans cet événement très personnel.
Géraldine GILLERON
À mon âme sœur.
« Tu ressens mieux que quiconque mes sentiments, mes envies, mes désirs mais j’ai ce besoin de les partager avec toi. Tu as vécu la souffrance, la douleur, parfois la peur et les peines mais jamais tu n’as abandonné.
Je ne pourrai jamais te remercier comme mon cœur voudrait l’exprimer. L’amour de « notre » mère et ta force de caractère ont su défaire ce mal qui te rongeait et l’éternelle optimiste que tu es a remporté cet éprouvant combat.
Ma guerrière ! Je suis née de cette épreuve et je ne pourrai jamais t’en être assez reconnaissante.
Il me faut partir maintenant, et laisser derrière « nous » tout cela.
Alors monte derrière moi et colle-toi à celle que tu es devenue. Je ne sais pas où nous irons mais nous y allons toutes les deux ! On the road again… »
— Chloé