Les 40 finalistes
Estée Lauder Companies Pink Ribbon Photo Award 2024
Lumière(s)
13ème édition
Lumière(s)
13ème édition
Retrouvez les 40 photographies finalistes et leurs histoires, sélectionnées par le Jury pour la douzième édition du Estée Lauder Companies Pink Ribbon Photo Award.
Nous tenons à exprimer notre sincère reconnaissance à toutes celles et tous ceux qui ont participé avec leur talent et leur cœur, qu'ils soient finalistes ou non !
Nos remerciements vont également à nos partenaires et aux membres du Jury qui ont accompagné cette édition 2024 avec une grande générosité.
Les votes pour le Prix du Public Téva sont ouverts du 1er au 15 octobre 2024 sur le site dédié mis en place par notre partenaire Téva !
Durant cette période 1 vote par jour et par personne ! Toute fraude entraînera la disqualification de la photo concernée.
LE SITE TÉVA x ESTÉE LAUDER COMPANIES PINK RIBBON PHOTO AWARD
Les 28, 29 et 30 octobre, notre partenaire Polka Magazine dévoilera sur son compte Instagram la sélection de 15 photos, choisies par sa rédaction parmi les finalistes 2024 !
Instagram Polka magazine
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Sylvie DEDET [51]
« Ce cliché illustre le passage de « chimio-bobo-dodo » à la citation de Georges Braque collée en lettres adhésives sur le mur de mon salon… Quand le corps est en chantier, les chairs ouvertes, cartographiées, les cheveux en exode, comment imaginer resplendir à nouveau un jour ?
Presque deux ans pour moi… Faire de la chute un pas de danse, faire feu de tout bois pour retourner à la vie, le lieu de tous les possibles…Pour capter ce retour à la lumière, cet éclat de rire et d’envie, une proche qui était là avant, pendant et maintenant… Ce qu’elle aime photographier, c’est la nature, les paysages.
Merci Sylvie d’avoir relevé le défi ! Entre nous, une connexion spontanée, sans impudeur ni artifice, une luminosité naturelle de fin d’après-midi… Dans son regard et son objectif, rien de lourd, elle me fait solaire. Ce portrait est une offrande à toutes les copines qui doivent vaincre les petites malignes, il exprime l'éblouissement et la gratitude d'être là. Créer, c’est vivre deux fois, merci la vie ! »
Blandine VIVES [75]
Dans la douce lueur matinale, une femme se tient face au miroir, baignée par la lumière dorée qui caresse sa peau. Ses doigts effleurent sa poitrine, explorant chaque courbe avec tendresse. Comme des rayons de soleil qui filtrent à travers les nuages, elle explore les contours de son sein, à la recherche de la moindre imperfection.
L'autopalpation devient alors un rituel sacré, une danse intime. Chaque pression, chaque mouvement est empreint de douceur et de bienveillance.
Dans ce ballet de sensations, elle découvre la force et la fragilité de sa féminité. Chaque palpation est un acte d'amour, une promesse de prendre soin de soi, de s'écouter, de se respecter. Car dans la lumière de la connaissance se trouve le pouvoir de la prévention, de la guérison, de la vie. Ainsi, dans la quiétude de ce moment suspendu, elle se connecte à sa propre lumière, à sa force et à sa beauté. Et dans ce geste simple et puissant, elle célèbre la vie, la santé et la magie de son être tout entier.
Gaëlle ABRARD [94]
Sophie et Gaëlle, un binôme mère/fille fusionnel. Un cancer du sein annoncé à Sophie lors d'un dépistage en décembre 2022. Ce fut le début d'un combat mené ensemble. Cette expérience nous a poussées à remettre en question notre existence, notre position dans la société, notre profession. Gaëlle, après 10 ans comme directrice de production, a décidé de se lancer dans la photo documentaire. Une volonté de souligner la société dans toutes ses cultures, toutes ses croyances et toutes ses étapes de vie.
Nous avons réalisé un cliché de Sophie flottant, légère, à la surface de l'eau, et dévoilant les traces du cancer qu'elle a combattu. Le travail d'une lumière naturelle douce vient sublimer la sérénité qui s'en dégage et représenter la fin de cette bataille. La composition met en avant sa cicatrice, trace de cette épreuve passée. Sophie a accepté ce nouveau corps, et elle souhaite, à travers le calme qui se dégage de cette photo, rassurer les femmes qui doivent à leur tour mener ce combat.
Estelle CARLIER [83]
La libération après une rémission d'un cancer du sein est une sensation indescriptible, un soulagement profond après des mois de lutte et de peur. L'eau, symbole de purification et de renouveau, devient alors un allié puissant dans ce processus de guérison. Se plonger dans ses eaux apaisantes, sentir sa fraîcheur envelopper le corps et l'esprit, c'est comme laisser derrière soi le poids de la maladie pour enfin respirer à nouveau. L'eau devient alors le reflet de cette libération, un miroir de la force et de la résilience dont on a fait preuve. Ce moment a été pris pendant une journée ensoleillée et je voulais mettre en valeur le sujet dans l'eau plutôt sombre avec une mise en lumière du sujet.
Cindy fait partie de ces femmes touchantes et surtout est une guerrière dans l'âme. Elle avait beaucoup de mal avec sa cicatrice très présente. Je l'ai invitée à réaliser ce shooting pour la libérer et lui faire reprendre confiance en elle tout en mettant sa cicatrice en valeur.
Gaëlle CARÉ [36]
Florence et ses parents ont été touchés 7 fois à eux trois par le cancer du sein.
7 cancers différents pour cette famille et aucun d’eux ne porte pourtant les gènes connus.
C'est grâce aux suivis mammographiques réguliers et à la vigilance au corps de l’autre qu'ils sont toujours réunis. Claudie a en effet détecté la tumeur de son mari avant le médecin généraliste.
Chacun de leur corps porte des stigmates différents, plus ou moins visibles, avec ou sans reconstruction, avec ou sans aréole. Même combat, mais ils ont fait leur propre choix pour ce corps qui leur appartient.
Aujourd’hui, ils remercient les sœurs de ces parents, qui se sont éteintes de ce fléau, mais qui les ont sauvé par la prise de conscience de l’importance de la prévention régulière.
Le soutien apporté les uns pour les autres les ont porté vers la rémission. Soudés dans le combat, ils lèvent désormais la tête vers la Lumière, l'avenir, affichant ces corps marqués, mais fiers d’être là, vivants, ensemble, heureux.
Julie BRETENET [21]
Si effectivement la photographie signifie étymologiquement « l’art d’écrire avec la lumière », la lumière, elle issue du latin luminaria, signifie « astre, flambeau ». N’est-il pas plus symbolique qu’un flambeau pour justement honorer ces femmes courageuses, résilientes et marquées dans leur chair ?
J’ai rencontré Aurore il y a quatre ans, je l’ai aperçue, entourée d’autres femmes atteintes elles aussi d’un cancer, et ce côté étincelant m’a directement troublé, par son énergie, sa résilience, et surtout sa détermination.
Lors de notre rencontre, elle m’avait évoqué son désir profond mais contrarié d’avoir un enfant. Je l’ai retrouvée aujourd’hui, aussi déterminée, aussi lumineuse et enceinte !
Oui elle porte en elle ce courage, cette liberté, ce flambeau, et croyez-moi elle brille encore plus.
Finalement, c’est tout cela à la fois, cette simple lueur d’espoir, cette lumière, cette aurore… Ce sont ces lumières que j’ai photographiées.
Angélique BERTRAND [34]
« Je vais bien, j'ai le moral et ça se soigne bien de nos jours ! No soucy, j’ai un cancer du sein. Restez vous-même malgré cette annonce. Ne changez pas de comportement à mon égard, je suis toujours la même et surtout pas de pitié. C'est la vie et elle est belle quand même ! »
29 décembre 2022. Mon amie Eva poste ce message sur un groupe WhatsApp. Je m'effondre à la lecture des ses mots... Que puis-je faire pour être à ses côtés dans ce combat... qui attaque sa santé et sa féminité. Une évidence : des photos ! Aujourd’hui, des jolies petites boucles refleurissent sur ta tête et nous allons réaliser notre cinquième séance. Je te vois belle et que tu te voies aussi à chaque étape est ma plus grande joie !
Jérémy TORRES [80]
En tant que photographe, j'ai cherché à capturer et à célébrer la beauté indomptable d'un corps marqué par la maladie, celui de ma femme, 35 ans, atteinte d'un cancer du sein HER2 + au stade métastatique, avec une atteinte ovarienne.
Cette image, prise lors d'une crise de douleur intense après une curiethérapie ayant irradié ses ovaires, est le fruit d'une quête visuelle profonde. J'ai joué avec les ombres et les lumières pour révéler la majesté subtile de son corps éprouvé par la maladie. À travers ce contraste délicat, j'ai voulu rendre hommage à la dignité et à la grâce de sa féminité, malgré les épreuves imposées par les traitements. Ce cliché est une ode à la résilience et à la beauté intérieure qui transcendent la souffrance.
Jean-Michel PIZOT [75]
Camille, Véronique, Catherine & Sylvia : 4 femmes très différentes... 4 histoires de vie... 4 cancers du sein...
C'est le sport qui les a réunies pendant la maladie, leur a donné le goût du dépassement de soi, leur a permis de retrouver la lumière dans un chemin de vie assombri... Une lumière bien plus vive, bien plus enveloppante et dynamisante qu'auparavant ! Chacune d'entre elles nous présente son sport de prédilection pour croquer la vie à pleines dents et lui donner un nouvel éclairage.
L'activité physique a remodelé ces nouveaux corps, leur permettant de se sentir plus féminines que jamais.
Ce nouveau groupe de copines s'est donc naturellement auto-baptisé « Plus sexy Tumeur », nom qui les accompagne désormais dans leurs nouveaux challenges !
GRATEAU FRANÇOIS [77]
Quand Barbara — que j'avais opérée du sein il y a près de 10 ans — m’a sollicité pour participer à ce concours et pour illustrer d'une façon nouvelle cette complicité ancienne et ces liens qui se sont créés. J’ai tout de suite accepté. La lumière ne pouvait se concentrer que sur le visage de Barbara et Yannick me semblait être le pilier sans lequel cette histoire n'aurait pas eu le même sens.
Audrey ROLANDO [57]
Parce que chaque photo raconte une histoire, celle-ci raconte celle de Sandrine, qui, par le hasard de la vie, rencontre Audrey, photographe. Elle lui propose alors un moment de lâcher prise devant son objectif. Durant la séance, elles vont partager. Entre rire et émotion, Sandrine lui raconte SON HISTOIRE : la mammographie qui a changé le cours de sa vie. Et cette photo devint leur évidence : « Faites entrer la lumière et regardez le silence faire du bruit ». Pourquoi ce titre ? Parce que cette mammographie qu’elle tient en main c’est celle qui lui a sauvé la vie. Une grosseur à la palpation, un rendez-vous d’imagerie. Lorsque la lumière fut sur le cliché sombre, elle vit apparaître l’intérieur de son sein éclairé alors que le médecin, lui, vit le cancer qui s’y cachait. Elle entrait alors dans un parcours de soin vers l’inconnu. Parce qu’un cliché peut vous sauver la vie comme il a sauvé la sienne, n’attendez pas que le silence fasse du bruit, dépistez-vous : Sandrine c’est moi, c'est vous, c'est nous.
Franck HORAND [67]
Rencontre solaire avec Christelle et son secret : un sourire qui illumine son visage et fait briller ses yeux. En 2018, une boule dans le sein droit, cancer triple négatif. Opération, chimiothérapie, radiothérapie… Rémission ! En 2020, nouvelle palpation, nouveau cancer, cette fois-ci du sein gauche, hormonodépendant. Christelle ne s'effondre pas, revêt son armure de guerrière prête à affronter une double mastectomie.
Alors, quel est donc le secret de son sourire ? La reconstruction immédiate après mastectomie ? Des tatouages de mamelons ? Des tatouages qui dissimulent les cicatrices et racontent son histoire ? Une nouvelle rémission ?
Je voulais faire son portrait, le portrait de ce sourire, avec juste les bras de ses filles qui l'enlacent, l'entourent et la portent. Ses filles que Christelle veut de toutes ses forces voir grandir et accompagner dans leur vie de femme. Puis ont surgi deux frimousses et j'ai compris : ses filles illuminent l'image, ce sont elles, la lumière de Christelle !
Virginie BONTEMPS [76]
Sandrine m’a appelée à l’annonce de son cancer. Elle souhaitait mettre en images ce dur combat contre la maladie. Sans savoir ce qui l’attendait vraiment.
Son leitmotiv : aider d’autres femmes à aller de l’avant, ne pas cacher la maladie et s’aimer fort quoi qu’il arrive. Cette photo a été une évidence pour nous deux : la lumière sur Sandrine, sur sa cicatrice et sans ses cheveux. Les stigmates du cancer sont là mais Sandrine est plus belle que jamais. Elle est forte, sensuelle et si femme. Cette séance photo était rire, joie et bonne humeur pour casser le quotidien des traitements, de la fatigue et parfois du découragement. Son témoignage me fait encore pleurer.
« L’annonce de mon cancer du sein a été terrible, la terre s'est écroulée sous mes pieds mais une évidence m'est apparue. Je devais en parler autour de moi et la seule personne qui pouvait m'aider, c'est Virginie. Merci d'avoir su mettre en avant ma féminité malgré mon corps meurtri par l'ablation de mon sein. »
Pierre GALINAND [45]
Par cette image, j'ai choisi de mettre en lumière le combat de ma femme dans cette parenthèse désenchantée que représente le cancer du sein. Le choix de l'unique source de lumière met l'accent sur les signes visibles de la maladie : mastectomie, cicatrices, PAC, alopécie. Mais également, il faut voir dans ce feu intérieur une source d'espoir, de renouveau, de reconstruction, de rémission et de guérison.
Cette source de lumière naissant dans le creux des mains symbolise l'instinct de survie porté en chacun de nous face à la maladie. Cette photo démontre également par son contraste appuyé la partie sombre de la maladie que seule la victime peut ressentir. Les maux, la douleur, la perte d'identité, l'ascenseur émotionnel… La mise en scène de cette image a été salvatrice pour accompagner mon épouse, toujours en cours de traitement, vers l'acceptation de son nouveau corps, sa nouvelle apparence. Ce concours met en évidence mon rôle d'aidant dans ce combat qui ne se vit jamais seul.
Laurent ASKIENAZY [75]
Cette photo a été prise pour immortaliser l’apparence physique de mon épouse face à la maladie. Elle reflète sa force et sa résilience. Cet endroit particulier de notre salon a été choisi car les objets en arrière-plan sont symboliques. Une lumière douce et une gamme de gris lumineuse ont été choisies.
Plusieurs plans sont visibles. J’ai voulu qu’ils se répondent entre eux comme un écho. L’expression du visage montre une détermination, le regard suggère une confrontation directe avec la maladie, une force et une endurance face aux traitements. Cette expression forte et sereine à la fois, incarne l’idée d’une lumière intérieure. La quille en arrière-plan représente la stabilité et la capacité à se relever après avoir été renversé, un parallèle avec la bataille contre le cancer. Le buste figé contraste avec le personnage qui lutte pour ne pas perdre son identité face à la maladie. À droite, la petite plante symbolise quant à elle tout simplement la vie.
Laetitia LESAFFRE [75]
Le Kintsugi est une technique japonaise ancestrale, consistant à réparer une céramique cassée avec de la laque, et à souligner les cicatrices avec de la véritable poudre d’or. Soigné et honoré, l’objet cassé peut devenir plus résistant, plus précieux. Ce processus de réparation symbolique pense et panse les blessures. Artiste peintre laqueuse et photographe, je travaille sur la réparation.
Quand j’ai rencontré Luna, si jeune et si forte, après un cancer du sein à seulement 26 ans, une double mastectomie et de multiples épreuves, j’ai vu qu'elle était un rôle modèle pour toutes les combattantes. Une alchimie s’est produite, comme lorsque la poudre d’or se dépose sur la laque.
En captant son reflet dans mes tableaux laqués, je lui ai proposé un nouveau regard, à la frontière entre la peinture et la photographie. Puis j’ai imprimé son reflet sur papier japonais, j'ai déchiré et réparé à l'or 24 carats. En soulignant ses lignes de faille par le Kintsugi, je sublime ses lignes de force.
Morgane DELFOSSE [59]
Camarades de classe au lycée, Hélène et moi suivions la vie de l'autre par écrans interposés depuis une quinzaine d'années. L'été dernier, alors que je peine à retrouver mon souffle après le décès de ma maman des suites de son cancer du sein, Hélène découvre qu'une tumeur s'est logée dans son corps. Femme, fille, sœur et mère, elle se lance dans une lutte effrénée pour vaincre la maladie.
Puis l'été revient, Hélène est vivante et endure les traitements avec courage. Les premiers résultats sont bons. Nous nous retrouvons sur la plage, à Bray-Dunes, dernière limite avant la mer des Flandres, nos terres d'origine immortalisées tant de fois en peintures délicates. C'est à notre tour d'en saisir toute la lumière.
Hélène rit en chœur avec Justine, sa sœur jumelle, dans un miroir singulier. Elles ressemblent à l'eau et au ciel. Grisées par le vent et la force de cet instant, nous partageons ensemble l'expérience d'une sororité émue, joyeuse et puissante. Quel cadeau.
Marina GANDON [36]
Lumière(s).
Tu la vois la peur, là ? La détresse, l’angoisse, le stress, les doutes, la boule au fond de la gorge qui veut hurler cette urgence de vivre. Pourtant toujours une bougie qui brille dans ce regard, ce cœur et ce corps. Nous vacillons entre l’ombre et la lumière quand à 24 ans le verdict tombe : le cancer du sein triple négatif.
Colère, tristesse, souffrance puis révélation, renaissance et résilience. Il y a des jours obscurs mais aussi des jours radieux et l’après cancer n’est pas des plus « roses ».
La lumière, elle, Marina, la photographe, elle la voit même dans les périodes où la flamme faiblit.
Grâce à la maladie, l’étincelle qui se trouvait au fond de moi est venue s’enflammer et éblouir mon monde. Le chemin est long mais la lumière est au bout du tunnel !
I’M FINE !
Philippe POTTIEZ [84]
La lumière au bout du tunnel. Carole ne pleure pas sur son sort, même pas en pensée... Elle découvre une autre façon de se voir, de se ressentir. Dire aux autres : « Ne perdez ni votre temps, ni votre énergie à avoir peur, cela change le regard sur soi, sur les autres, la richesse de la vie et des épreuves, le rapport à son corps, à son esprit, à sa place dans l’univers… »
Margot LAPORTE [38]
Cette photo a été prise en juillet, dans le cadre d'un projet que je mène avec le CHU de Grenoble. Durant l’année, je réalise des portraits de femmes ayant vécu ou vivant un cancer du sein.
Malorie a 40 ans au moment de la prise de vue. C'est bientôt son anniversaire. Elle est en pleine chimio. Elle a une personnalité très détonante par rapport au reste des femmes que j'ai photographiées. Elle est très enjouée, très solaire. Elle a fait un gros travail de lâcher prise sur son corps et sur les effets secondaires de la chimio. Elle a apporté un marqueur, pour que l'on écrive quelque chose sur son corps. Elle me demande si j'ai une idée, nous écrivons « Who run the world? » En référence au titre d'une chanson.
Patrick PAVAN [11]
Je suis née un jour d’hiver 1976. Je suis née un jour d’hiver 2022. Tout a basculé un jour d’automne 2021. Mammographie de contrôle, les microcalcifications sont revenues. Biopsie… Encore, 4 ans après… C'est le chaos, je sais déjà le résultat. L’annonce sans tact : « Il faut enlever le sein. Vous n’aviez pas compris ? Seule solution. » Non, je n’avais pas compris… Non, je ne veux pas qu’on ampute ma maternité, ma féminité. Deuxième rendez-vous, à l’Oncopole de Toulouse. Il a les yeux bleus, je le sais parce que, lui me regarde quand il me propose une autre technique de reconstruction.
Je choisis de dire oui, de me battre : pour mes fils, ma mère, ma sœur, mon père à qui j’ai tenu la main deux mois avant, quand il rendait son dernier souffle, pour moi. Je veux vivre, rire, jouir de chaque instant. Mon bas ventre devient mon sein. J’accouche de mon sein. Je « me » reconstruis. Nouveau nombril, énorme cicatrice, sein balafré, kilos en trop avec l'hormonothérapie. Mais je suis belle et rien ne sera plus pareil.
Kimbra Audrey LO [75]
À 30 ans, on m'a diagnostiqué un cancer du sein et j'ai subi une mastectomie.
Cet autoportrait a été pris moins de 2 ans après ma mastectomie. Une photo en gros plan de ma cicatrice dans la lumière. J'ai travaillé comme mannequin pendant plus de la moitié de ma vie et je fais de la photographie de nu, des autoportraits, depuis plus d'une décennie.
Les seins sont une partie importante de toute femme, mais les miens font partie également de ma carrière professionnelle. Mon travail est exclusivement sur argentique et je ne retouche aucune de mes images. J'ai imprimé ce tirage à la main dans un laboratoire argentique. Depuis mon cancer, mon travail se concentre sur la documentation de ma guérison, ce qui m’a aidée à recadrer la façon dont je regarde mon corps. Je choisis de l’aimer tous les jours.
Laurent BOAS [29]
Sur mes cahiers d’écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable, sur la neige
J’écris ton nom
Sur toutes les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J’écris ton nom
Sur les images dorées
Sur les armes des guerriers
Sur la couronne des rois
J’écris ton nom
Sur les merveilles des nuits
Sur le pain blanc des journées
Sur les saisons fiancées
J’écris ton nom
Sur les champs de l’horizon
Sur les ailes des oiseaux
Et sur le moulin des ombres
J’écris ton nom
Sur la mousse des nuages
Sur les sueurs de l’orage
Sur la pluie épaisse et fade
J’écris ton nom
Extrait du poème « Liberté », de Paul Eluard
Sandra GUILLEN [78]
Dans l’obscurité naît un corps. C’est un autoportrait. J’ai du mal à croire qu’il est le mien. Les souffrances physiques et psychiques m’ont plongée dans une dépression profonde. C’est dans cette cascade de noirceur de ma tête à mon corps, flammes à l’envers que je crois distinguer entre le balancement des mèches, ma vérité. Comme des flammes qui me consument, la dépression est signifiée par le clair-obscur. La beauté de mon corps je la réapprivoise, corps façonné par des mains expertes pendant que j’étais absente. La douceur de la lumière, la rondeur de la prothèse entourée par la courbe de mon bras peuvent aider d’autres femmes à retrouver leur paix intérieure. La beauté extérieure peut permettre de recouvrer une harmonie.
Cette photo fait partie d’un projet d’art thérapie réalisé entièrement seule face à mes émotions. Il m’a permis de me soigner mentalement. J’encourage toutes les femmes à chérir à nouveau leur corps pour s’aimer à nouveau.
Sophie BOURGEIX [13]
Mon truc en plus… Un sein en moins. C’est en traversant la pénombre que j’ai rencontré la lumière.
Mon truc en plus … un sein en moins.
C’est en traversant la pénombre que j’ai rencontré la lumière.
Voici le message de Sandrine, rencontrée pour porter un des projets de son association L’amie Zone en amazone.
Mettre en lumière les cicatrices, c’est aussi célébrer la femme dans toute sa singularité et vérité. Sandrine est cette femme puissante, rayonnante, avec des cicatrices visibles et d’autres invisibles, qui fait le choix de ne pas se cacher. Son sourire, accroché aux lèvres, témoigne de sa force et de sa résilience. Son corps est différent, unique et elle accompagne les femmes à se sentir belle dans cet après. Car devenir une amazone peut parfois être compliqué pour la femme elle-même, sous la pression sociale, sociétale, et l’imaginaire personnel ou collectif.
La lumière de cette photo révèle bien plus que des cicatrices ; elle éclaire une femme dans toute sa splendeur, prouvant que la beauté ne réside pas dans la perfection et bien dans l’authenticité, la force intérieure et la singularité ! Sa devise « Unique est tellement mieux que parfaite » Alors mettons en lumière ces femmes uniques et non parfaites, belles, puissantes et si rayonnantes !
Hélène DOUAY [59]
Le sang a coulé de son sein... Mastectomie. Puis, un bébé miracle est arrivé après 5 ans de PMA infructueuse. Alors le lait a jailli de l'autre sein et nourri son enfant pendant 14 mois. Et un jour, l’obscurité s’abat à nouveau. Au-delà de la maladie, Myriam appréhende le deuil d’un allaitement écourté, ainsi que l’abandon du rêve d’un second enfant.
Marie, chevalier de la Légion d'honneur pour son soutien à l'allaitement, me contacte quelques jours avant ce sevrage forcé par les médicaments incompatibles. Elle me demande d'immortaliser les dernières tétées pour accompagner Myriam, et son fils, incomprise par ceux qui pensent qu'un an d'allaitement, c'est déjà un beau parcours. J'ai allaité 7 années de ma vie, je ressens une empathie immense pour ce qu'elle traverse. Je l'accueille en urgence dans mon studio pour éclairer la beauté de ce lien unique, et sa résilience face à cette épreuve. Une dernière fois, d'un sein jaillit le lait, et de l'ombre jaillit la lumière pour l’éternité.
Nicolas GUILLEMOT [75]
La date est notée en rouge dans mon agenda. 13 octobre 2021. Opération maman.
La veille, nous décidons de prendre une photo, dernier souvenir avant l’ablation.
C’est un cliché argentique en noir et blanc. Assise devant l’une de ses toiles, elle sourit, une couverture sur les genoux, dévoilant avec pudeur et fierté sa poitrine nue, un ruban rose posé sur son sein droit. À fleur de peau, nous sommes connectés.
Cette photo a donné naissance à celle que vous voyez. Six mois plus tard, même toile, en couleur. La pudeur est toujours là, mais sans couverture cette fois-ci. Pour l’accompagner, j’ai choisi l’une de ses sculptures en terre, tout juste sortie du four. D’un côté, un sein en moins, de l’autre, une nouvelle création. Qui soutient l’autre ? Je suis fier de cette femme, artiste lumineuse, digne et pleine d’espoir, à l’image de ses œuvres.
Stéphanie DI DOMENICO [40]
Lumière(s). Il y a tant de choses à dire. Ce mot me parle, bien sûr, il me parle tellement que je l'ai utilisé pour accompagner toutes celles qui se trouvent sur ma route. Je les embarque pour un voyage au coeur d’elles-mêmes. Réparer les vivants, les mettre en lumière, tel est mon chemin, le plus beau que je n'aie jamais emprunté, même parsemé de ronces, on passera.
Jérôme BLANCHARD [17]
Ce portrait est une évidence. Marie se tient devant l'objectif avec, contre son cœur, contre son sein sacrifié au nom de la survie, une photo d’elle et de Lyah prise avant que la maladie ne soit visible. Un mois plus tard, comme une double peine, Lyah s’envolait soudainement jusqu’aux étoiles et brille désormais dans le ciel. Dès lors, cette lumière est devenu un phare, un faisceau dans la nuit, qui la guide, lui permettant d’éviter les écueils et l’aidant à surmonter l’obscurité si souvent ressentie… Ce combat contre la maladie, Marie le gagnera, elle lui a promis !
Cette photo entre ombre et lumière, nous l’avons voulue comme une ode à la vie, comme un espoir. « Aujourd’hui, je regarde les photos sans toi, mais tu es là, toujours… Je présente ce portrait avec fierté, cette ode à l’amour, à la vie. Ma fille m’a magnifiée et sublimée, pour être plus forte que la maladie. L’amour, c’est toutes les lumières du monde qui brillent dans un cœur qui se reconstruit, c’est toi, Lyah. »
Samuel DEBARD [92]
Cette photo a été prise lors de notre retour d'une semaine de vacances à Bordeaux. Aina dormait profondément... Le fait marquant de cette image fut la volonté de montrer au grand jour son état réel et de ne porter aucun artifice capillaire. Une étape importante dans l’une des phases de son traitement.
Céline BATIFOULIER [39]
Cette mise en lumière est celle de mon amie. Son histoire, c’est elle qui vous la raconte.
« Je m’appelle Laëtitia. En janvier dernier, on me diagnostiquait un cancer du sein. J’ai dû enfiler mes gants de boxe. Il était inconcevable pour moi de le laisser gagner. Je devais me battre pour moi-même, pour mes filles, pour l’amour de ma vie et pour ma mère emportée par ce cancer quatre ans plus tôt… C’est une revanche que je lui devais, elle qui s’est tant battue. Tout est allé très vite enchainant tous ces traitements qui vous privent des rayons du soleil. Elle m’a tant manqué cette lumière. Celle qui vient vous chatouiller la peau et qui réchauffe le cœur. Cette interdiction qui vous emprisonne d’autant plus dans cette maladie. A travers cette photo, et pour la première fois depuis longtemps, je me suis sentie belle. Je crois que je l’ai vaincu, ce crabe qui m’a volé ma mère, ma liberté, ma sérénité ma forme et ma féminité. Je remercie Céline. Maman, cette photo est pour toi. »
39 - Ingrid MEUCCI [13]
Cette photo raconte avant tout l'histoire de Sophie, sa résilience et la force qu'elle a trouvée face à la maladie. À l'origine, c'est elle qui m'a contactée. Elle voulait capturer dans l’eau, qui est son élément, son parcours de lutte contre le cancer du sein. Ensemble, nous avons entamé une réflexion commune pour créer une série d'images représentant les différentes phases émotionnelles de son combat.
Mon inspiration, je l'ai puisée dans ses récits, dans son parcours. Cette photo s'est imposée en un seul clic. Les couleurs, la lumière, son expression, tout est né de ses émotions. Pour arriver à cette image, nous avons plongé ensemble, à la fois dans l'eau et dans cette période de sa vie qu'elle voulait mettre en lumière. Une période marquée par l'espoir, la lumière, et surtout par l’avenir.
VARLEZ Patrick [69]
Toute de bougies composée, la lumière s'est emparée du sujet. Dans une totale obscurité, visibles sous l'objectif, deux bougies blanches et hors champ, deux candélabres à trois branches posés de part et d'autre éclairent un corps étendu sur un drap noir.
Rien de plus.
Au départ, l'idée était de parler du deuil du sein. Les deux flammes représentent les deux mamelons, les deux seins perdus. Lumière sur ce qui n'est plus, lumière qui comble un vide et exprime la réconciliation avec un corps tronqué qui, avec le temps, redevient pour soi un corps entier. La lumière en a décidé autrement et nous invite avec sobriété à considérer l'intime sensualité qui rejaillit des mois, voire des années, après les temps de chirurgie, de traitements et de convalescence. À l'ombre du feu se dessinent les contours d'un visage empli de béatitude et d'un corps sensible qui se sent à nouveau désirable, tel qu'il est.
Anne SOULLEZ [27]
Chaque cicatrice raconte un récit de lutte et de persévérance face à l'adversité. Cet autoportrait est une déclaration de force et de vulnérabilité. Il capture un combat qui se joue non seulement dans les salles de traitement, mais aussi dans le silence de la chambre à coucher, où les douleurs physiques et émotionnelles se mêlent dans une danse incessante.
Pendant trente-trois jours, j'ai affronté la radiothérapie. Chaque séance laissait une empreinte indélébile sur ma peau. Une brûlure rouge vif qui semblait consumer non seulement mon corps mais aussi une partie de mon être. La douleur était constante, un rappel brutal du combat en cours, mais elle était aussi le signe de la bataille que je menais avec une détermination sans faille.
Chaque brûlure, chaque rougeur, est un témoignage de ma lutte acharnée et de ma capacité à surmonter l'adversité. C'est un rappel que, même dans les moments de désespoir, il existe une lumière prête à être découverte, une lumière qui brille de l’intérieur.
Céline COLIN [89]
Je ne suis pas très grande mais je suis la première. Je ne suis pas la principale mais je suis importante car c'est par moi que tu as pu être sauvée. Je suis donc toute aussi importante que la deuxième cicatrice mais moins voyante et moins violente pour toi. Je ne fais que quelques centimètres de diamètre et je suis de forme circulaire.
On s’imagine souvent que cela n’arrive qu’aux autres. Elle t’a prise insidieuse, maligne, par surprise. Elle est entrée dans ta vie violemment et sans douleur à la fois. Tu ne t’es pas effondrée, au contraire, tu as pris ton cancer à bras le corps et tu es montée au front. C’est donc par moi que ce liquide envahissait ton corps pour te sauver et détruire ce crabe impétueux, amputateur et mortel.
Aujourd’hui, Nous sommes bien présentes dans ta vie. Ton corps a changé mais as-tu vraiment changé ? Tu nous vois tous les jours mais tu gères. Tu nous as acceptées. Tu es toujours aussi féminine, malgré nous.
Gaëlle BERGEON [91]
Cet autoportrait représente la lumière au bout du tunnel. Alors que j'étais au plus mal, en pleine période de chimiothérapie, allongée dans mon canapé, j'ai observé ma mère sortir des toilettes. La lumière tombant sur ses épaules, sa silhouette se découpant sur le fond rouge et blanc alors qu'elle entrait dans mon monde rempli de pénombre, m'ont inspiré cette photographie.
Cette image illustre la fin des traitements lourds. Mes cheveux commençaient à repousser et j'ai trouvé judicieux d'utiliser ce contre-jour pour les mettre en exergue.
Du moment de l'annonce de mon cancer jusqu'à ma rémission, je me suis prise en photo à chaque étape. Photographe de formation, c'était pour moi comme une évidence de témoigner à travers mes images.
Charles HERMAND [95]
La lumière reste intacte, mais le corps change. Alors, comment apprivoiser ce nouveau corps, parfois meurtri ? En croisant une nouvelle lumière : celle de la photographie. Cette photo raconte l'histoire de la rencontre avec une femme rayonnante, drôle, et énergique, qui finit par enlever sa perruque. Surpris, non par la supercherie, mais de ne pas trouver dessous une femme abattue ou diminuée. Bien au contraire. J'ai voulu lui partager mon regard émerveillé et naïf, pour peut-être l'aider à faire évoluer le sien. J'aime l'idée que la lumière, extérieure comme intérieure, reste la même. Seul le reflet dans le miroir peut changer.
Romain CHOUHANI [95]
Connaissez-vous la maladie de Cowden ou Syndrome des hamartomes multiples et disséminés ?
Cette maladie est prédestinée à devoir anticiper les risques, du fait des très nombreux contrôles, afin d'éviter un cancer. Cette femme, ma femme, en a subi un bon nombre depuis maintenant vingt ans. Une lumière douce qui apporte un esprit calme et relaxé. Un sourire lumineux et sincère. Cette photo représente un regard vers un avenir plus serein.
Jean-Luc LEFEVRE [72]
La séance photo a été vécue par chacune d’elles comme un accouchement en douceur d’un cancer déclaré en 2019. J’ai vu arriver dans le studio mère et fille, habillées d’une force commune.
Deux guerrières de sang et de cœur allant dans la même direction. Lors de la séance, elles ont toutes les deux expulsé ce crabe qui ne leur appartenait pas et qui était entré dans leur histoire alors qu’il n’était pas invité, comme le rappelle Astride. Avec humour, elles s’esclaffent « Libérées, délivrées…»
Depuis l’annonce de la maladie, c’est la lumière du cœur qui a coachée la guérison de Maryvonne, « et cette flamme se nomme amour », me précise t’elle. Un amour de lumière, et une lumière d’amour !
Vivante et nourrie par la lumière des mots : « On est tous la lumière d’autrui, tu sais», me dit-elle simplement comme une évidence. « La vie est lumineuse quand on connaît son essentiel. » Le cancer est le déclencheur de cette photo et de cette lumière intérieure qui rayonne à l’extérieur.
Mère et fille Ad vitam æternam
Nicolas KALOGEROPOULOS [92]
Ma série photo « Hikari no Kizu » (La lumière à travers les cicatrices), inspirée par l'art japonais du Kintsugi, célèbre la résilience des corps meurtris en réparant des morceaux cassés avec de l'or. Ce projet transforme les cicatrices en symboles lumineux de force et de beauté, offrant un chemin vers l'acceptation de soi.
Ce portrait de Gersende, qui a choisi de ne pas reconstruire son sein après une mastectomie totale, illustre cette philosophie. Elle témoigne : « Cette expérience m'a changée sur le long terme. Je me suis découverte vraiment comme je suis, et non comme je me vois dans le regard des autres ou comme les autres me voient. Elle a aussi changé mon regard et mes rapports à mes trois filles, je suis plus protectrice et plus à l'écoute de leurs émotions. »
Mes choix artistiques, comme la lumière enveloppante, visent à sublimer les cicatrices, les transformant en symboles de vécu et de force. « Hikari no Kizu » fait rayonner la lumière intérieure à travers ses cicatrices.